Le Paradis # 6/5/4
2007,Tripthychon, Unikate,
Ultrachrome auf Canvas, je 210 x 150 (cm)
L'histoire du Paradis dans l’art est l’histoire de la projection du désir ardent de l’homme sur la Nature. On y trouvait et l’on y trouve encore des représentations de paysages, de fleurs, d’arbres, d’animaux et du corps humain.
Je vais montrer, moi aussi ces motifs, mais pas sous leur forme idéalisée. Chez moi la représentation de ses motifs passe à l’arrière-plan. De loin on aperçoit une œuvre abstraite, mêlant méditation et action, structure sérielle et perception déterminée par la couleur.
En regardant de plus près, on s’aperçoit que chaque œuvre est composée de 152 prises de vue, entourées de photos de modèles moléculaires d’hormones, de cellules nerveuses et de représentations du cerveau humain. Je réalise des séries sous forme de triptyques.
La démarche consiste à sortir ce type de représentation de son contexte et de porter un regard ironique sur une réalité en apparence banale, quotidienne. La série, qui constitue le moyen de représentation fondamental de cette œuvre, crée l’effet d’abstraction par la répétition de motifs figuratifs pareils ou semblables et dirige le regard plutôt sur le comment et le pourquoi, sur les nuances et donc sur les moyens de représentation.
La série exposée est comparable à une suite d’images fixées sur la pellicule d’un film et fait ainsi intervenir la quatrième dimension, le temps.
De tout temps et dans toutes les cultures, les hommes ont réfléchit et réfléchissent encore sur la question de savoir comment atteindre le Paradis, le bonheur. Les expressions communes, tels que « le paradis commercial » et « le paradis de loisirs » suscitent le bonheur, le contentement et la satisfaction de tous les besoins et désirs. La recherche du Paradis ne correspond-elle pas à la recherche du bonheur ? Or, peut-être que ce sont les hormones qui déterminent tout ? Et que ce passe-t-il réellement dans le cerveau ?
La neurobiologie et la neurologie étudient notre système nerveux, notre cerveau et le fonctionnement de nos hormones. La dopamine, la sérotonine et l’oxytocine sont appelées « hormones du bonheur » dans le langage populaire. La dopamine représente la substance messagère du bonheur, du désir et du plaisir. L’oxytocine (hormone de l’amour) revêt une grande importance pendant le processus de la naissance. Elle n’influence pas seulement le comportement entre la mère et l’enfant et celui entre les partenaires, mais elle agit d’une manière générale sur les interactions sociales. La sérotonine (hormone du bien-être) nous confère un sentiment de détente, d’équilibre émotionnel, de calme intérieur et de contentement. Les cellules nerveuses nous tiennent en alerte tout au long de notre vie, elles nous permettent de coordonner nos mouvements, de nous asseoir, de nous tenir debout, de penser, de regarder, d’écouter, de sentir, de ressentir, etc. Une des œuvres exposées est composée d’images de dos de livres. On y reconnaît des livres anciens, des livres philosophiques, mais aussi des BD : l’histoire de la littérature en tant qu’univers de l’imaginaire et de la pensée.
Lors de sa nomination au poste de directeur général de la Bibliothèque nationale d’Argentine, Jorge Luis Borges affirma : Je me suis toujours représenté le Paradis comme une sorte de bibliothèque. D’autres personnes penseront plutôt à un jardin, d’autres encore à un palais. J’y étais donc arrivé. A présent je me trouvais au Paradis.
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